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Le nucléaire : un cadeau empoisonné pour les générations futuresUn pari pris aux dépens des générations futuresLa France a pris un pari gravement irresponsable vis-à-vis des générations futures lorsque, il y a une quarantaine d'années, elle a choisi de s'engager dans l'électricité nucléaire (qui est d'ailleurs indissociable de l'engagement dans le nucléaire militaire).
Alors que les réserves de minerai d'uranium, combustible des centrales nucléaires, ne sont pas inépuisables et ne garantissent aucunement l'indépendance énergétique (voir les faibles ressources de ce minerai disponibles sur le territoire national), la gestion des déchets radioactifs pose un problème considérable.
On estime que 11 tonnes de plutonium 239 seraient produites par an en France alors qu'un millionième de gramme suffit à déclencher un cancer du poumon. Les déchets à longue vie s'accumulent depuis plus de 30 ans et le site de la COGEMA (La Hague) est au bord de la saturation.
La période de demi-vie du plutonium est de 24000 ans, ce qui signifie que la radioactivité d'un échantillon de plutonium est seulement diminuée de moitié au bout de ce laps de temps pourtant incommensurable. L'iode-129, rejeté par exemple à La Hague (Manche), a une demi-vie de 15,7 millions d'années (l'homme n'est apparu sur la terre depuis moins d'un million d'années !). L'uranium 235 : 704 millions d'années, l'uranium 238, 4,47 milliards d'années, c'est-à-dire à peu près l'âge de la Terre !!!

Une épée de Damoclès : la gestion des déchets radioactifsL'ANDRA, Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs, a recensé plus de 1200 sites nucléaires, civils ou militaires, qui renferment des déchets nucléaires en France (source ANDRA). Comme elle l'indique elle-même sur son site Internet (www.andra.fr) : " L'expérience montre que, dans bien des domaines autres que celui du nucléaire, la mémoire collective des activités humaines se perd en quelques dizaines d'années, voire quelques années. Qui se souvient des appâts de pêche prétendus radioactifs ? Collecter l'information et la rendre publique périodiquement constitue le premier objectif de la mission confiée à l'Observatoire de l'Andra. ". Le Béruchot ajoute que cette mission devra durer plus de 24000 ans : pas de chômage en perspective pour les employés de l'ANDRA !
La loi du 30 décembre 1991 a défini trois voies de recherche complémentaires pour trouver une solution de gestion à très long terme aux déchets de haute activité et à vie longue, puisque actuellement aucune solution satisfaisante n'existe pour respecter à la fois la protection de la nature, de l'environnement et de la santé, et la prise en considération des générations futures.
La 1ère voie est une étude pour la recherche de solutions permettant de réduire à la source la quantité de déchets radioactifs à vie longue formés lors de la production d'énergie, en les séparant des autres éléments contenus dans les déchets (par des procédés de séparation chimique en aval du retraitement des combustibles usés), puis en transmutant (c'est-à-dire en transformant en éléments radioactifs à vie plus courte, dans des réacteurs nucléaires) une part aussi grande que possible sous flux neutronique afin qu'ils se transforment le plus rapidement possible en atomes stables non radioactifs.
La 2ème voie, celle de l'enfouissement des déchets, a pour objectif de fournir tous les éléments permettant de décider éventuellement en 2006 la création d'un centre de stockage en formation géologique profonde. Cela revient à confronter des concepts de stockage théoriques aux conditions particulières rencontrées dans des sites géologiques bien définis et d'en démontrer la sûreté à très long terme. Le gouvernement a déjà autorisé en 1999 la création d'un laboratoire dans un site argileux, à Bure en Meuse/Haute-Marne. Des recherches sont entreprises afin de proposer un second site en milieu
granitique. Ce programme est réalisé par l'ANDRA.
La 3ème voie est l'étude du conditionnement et de l'entreposage de longue durée en surface. Le déroulement des études sur le confinement et l'entreposage de longue durée couvre les développements de dispositifs qui permettraient de conserver les déchets dans des conditions de sûreté acceptables sur des durées de plusieurs décennies et dans l'attente que les recherches de l'axe 1 ou l'axe 2 aboutissent.
Il faut noter que la plupart de ces travaux d'études sont effectués par le CEA, le CNRS, EDF, la COGEMA, FRAMATOME avec le concours de l'ANDRA, et sur la base des informations proposées par les principaux producteurs de déchets de haute activité et à vie longue, EDF et COGEMA.
Autrement dit, Le Béruchot n'est pas tout a fait rassuré sur l'esprit d'ouverture et de transparence de ces organismes dont nous avons pu apprécié la franchise lors du passage du nuage de Tchernobyl qui avait su, selon certains, contourner notre territoire...
L'ANDRA ne précise pas qui financera ces longues recherches pendant plusieurs décennies. Les chercheurs du CEA et de la COGEMA ne pointeront pas non plus au chômage...
Legs aux générations futuresIl y a environ 24 000 ans des artistes préhistoriques nous léguaient les fresques magnifiques de la grotte Cosquer. Notre génération lèguera à celles qui lui succèderont un cadeau empoisonné qu'il faudra surveiller avec une attention sans faille malgré tous les bouleversements politiques, économiques, géologiques (les volcans d'Auvergne étaient encore en activité il y a seulement 7000 ans) et climatologiques (la dernière glaciation s'est terminée il y a environ 10 000 ans) qui ne manqueront pas de se produire pendant la durée de vie des déchets radioactifs.
Comment se fait-il qu'une compagnie comme EDF puisse encore engager des campagnes publicitaires pour le chauffage électrique alors que l'électricité constitue la solution de chauffage la plus coûteuse et une des plus polluantes ! Si plus des 3/4 de l'électricité produite en France est d'origine nucléaire, en hiver, EDF fait fortement appel aux centrales thermiques, particulièrement polluantes, pour répondre à la demande.
Notons au passage que le budget de la "communication" d'EDF a atteint en 1997 2,5 milliards de francs, c'est-à-dire cinq fois plus que le budget de l'ADEME, l'agence chargée d'harmoniser l'usage de l'énergie !
Le nucléaire n'assure pas notre indépendance énergétiqueEn France, l'imprécision, soigneusement entretenue, entre consommation d'électricité et production d'électricité, entre consommation d'électricité et consommation d'énergie totale fait croire au grand public que nous sommes totalement dépendants du nucléaire et que sans le nucléaire, c'est le retour à la bougie ! Si le "tout nucléaire" contribue aux 3/4 de la production d'électricité, il n'assure en fait que 15% de l'énergie consommée en France ! Comme l'ensemble des pays d'Europe, la France dépend du pétrole pour le secteur vital des transports. Là se situe la vulnérabilité majeure de notre système énergétique et non dans la production d'électricité qui est possible avec de nombreux autres moyens que le nucléaire. Le Rapport " Energie 2010-2020 " du Plan, présente 3 scénarios énergétiques sur cette période. Or, d'après le scénario " Etat industriel ", qui propose le plus fort soutien à l'énergie nucléaire, le taux d'indépendance n'atteindrait que 38% en 2020, alors que ce taux était de 49,7% en 1997 ! (source La Documentation Française, 1998).
Les récents attentats du 11 septembre ont hélas mis en lumière qu'en cas de conflit ou de menaces terroristes, le nucléaire fragilise notre pays à l'extrême par la présence de sites à hauts risques : usine de retraitement avec l'entreposage d'un très grand nombre de déchets fortement radioactifs, centrales, sites de stockage contenant des quantités invraisemblables de toxiques radioactifs, etc.
Le recours à l'atome n'est pas une réponse efficace à l'effet de serreLa menace du dérèglement climatique dû aux productions humaines, directes ou indirectes, de gaz dits "à effet de serre" (CO2, méthane, CFC ...) est un vrai problème. En France, parmi les activités humaines utilisant les combustibles fossiles rejetant le plus de CO2, signalons les transports (35%), l'industrie (24%), le chauffage des habitations et des bureaux (22,5%), l'agriculture (2%) alors que la production d'énergie ne contribue "que" pour 16,5% (source ADEME).
L'énergie mondiale produite par le nucléaire ne représente que 6% de la consommation mondiale d'énergie. Le nucléaire joue donc un rôle légèrement inférieur à la production hydraulique. L'énergie nucléaire replacée dans le contexte mondial des dépenses d'énergie n'est donc pas une solution significative pour lutter contre l'effet de serre.
De plus, contrairement à une idée largement diffusée, la filière nucléaire produit du gaz à effet de serre : construction des centrales, transport de combustible et de déchets, extraction et enrichissement de l'uranium... Les quantités de vapeur d'eau produites par les tours des centrales sont considérables et ce gaz est aussi responsable de l'effet de serre.
Le remplacement de l'énergie électrique nucléaire en France par des centrales à gaz à cycle combiné augmenterait la production en dioxyde de carbone sur le plan mondial de 1% environ.
Contrairement aux publicités outrancières d'EDF et de la COGEMA, l'électricité nucléaire n'est pas une énergie moderne compatible avec le développement durable : c'est une énergie fossile qui est inaccessible aux pays pauvres qui ont pourtant besoin d'énergie pour leur développement.
Principales sources :
ANDRA Association Sortir du nucléaire COGEMA
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